EXPOSITION L’Estèque et le pinceau

du 10 septembre au 12 novembre

Quand l’argile devient support à un décor où les nuances, les lignes, les coulures, les traces et les coups de pinceau ne sont pas sans rappeler la peinture abstraite, les artistes se font céramistes-peintres.

En quête d’une symbiose entre le langage de la forme et celui du décor, ils allient le travail du tour ou du modelage à la composition d’émail ou d’engobe en jouant des chromatismes et des textures. Le geste du céramiste prévaut alors dans toutes les étapes de la création.

Les sculptures d’Ingrid Van Munster naissent du tour mais leur forme – ronde, ovoïde, ou plus complexe – évite la perfection de cette origine pour s’ouvrir aux émotions du vivant.

Planète terre ou comète, disque solaire ou lunaire… c’est de l’association avec son émail si particulier, mat et riche de multiples variations colorées, que naît la fascination et que l’imagination se met en marche. Du vert, du bleu et désormais du jaune : la palette d’Ingrid Van Munster s’enrichit, chaque émail portant en lui une déclinaison de teintes dont elle joue de plus en plus pour nourrir son langage artistique.
Mais qu’il se fasse sable chaud du désert, profondeur des nuits étoilées ou paysages des Cévennes entre couverte végétale et lichens, son travail évoque toujours la beauté et les mystères de la nature, ainsi que l’attraction qu’elle exerce sur l’artiste.

C’est aussi entre envolées célestes et rugosité minérale que naviguent les céramiques de Julia Gilles. La terre choisie – un grès roux dense en pyrite de fer – marque de sa présence les objets créés par cette jeune céramiste, apportant une expression de rudesse par sa matérialité et de chaleur par son coloris rouille. Bienveillantes jarres évasées, imposants plats ronds, grands bols aux hauts bords droits… Julia Gilles prend prétexte à ces formes ancestrales, revisitées avec douceur et générosité, pour développer un décor en complémentarité chromatique avec son argile.
Le bleu y domine, nourri de touches de vert, de jaune ou de mauve, racontant, sur ce terreau farouche, les ciels mouvementés, les champs dans le vent, les sensations atmosphériques. Une rencontre entre rusticité de la terre et délicatesse des couleurs, l’alliance subtile de la fragilité et de la force.

La signature de Jean-François Thiérion se lit dans ses formes contemporaines, tendues, souvent monumentales, fruit de sa maîtrise de l’exercice du tour associée à un travail de décor abstrait auquel la superposition de ses couches d’engobes offre une profondeur dans la matité. S’il poursuit cette recherche axée sur la référence à la grande famille des formes tournées et sur la dimension narrative et personnelle de son décor, Jean-François Thiérion aime aussi surprendre et remettre en question ses procédés.
Sa dernière série, Pixels, pousse encore plus loin la technicité du tournage, associant double paroi et assemblage, ce qui ne l’empêche pas d’imposer une déformation aux pièces pour mettre en exergue la plasticité du matériau. Les engobes restent son mode d’expression mais désormais, l’écriture devient “automatique” : loin de sa gestuelle habituelle habitée de temps calmes et d’accélérations, de gestes nerveux et d’instants de fluidité, il met en œuvre un travail de surface texturé né d’un geste répétitif et d’une suite chromatique prédéfinie.

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